Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     PEINE     
FEW IX poena
PEINE, subst. fém.
[T-L : peine ; GD : peine ; GDC : peine ; DÉCT : peine ; FEW IX, 114a : poena]

A. -

"Punition, sanction"

 

1.

"Châtiment infligé aux damnés en enfer" : La souffrirés paine et torment. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 185).

 

2.

"Supplice infligé à un condamné" : DECIUS. Aores tu les dieux de Romme, Rommain ? si te feray guerir, Et tous tes meffaitz te pardonne, Ou sinon te feray mourir. ROMMAIN. Jesus m'envoyera secourir Après la peine corporelle. L'ame ne feras point perir Par ta seigneurie temporelle. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 239).

 

3.

Sur/sus/à peine de. "Sous peine de" : LE SERGENT. Sur peine d'amende, Congnefestu, tost a l'esbat ! Sans songer ! Le prevost te mande. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 49). La garde en avez de l'ouvraige [un canon], Sans nul autre totallement, Ne nul n'y doit aucunement Riens faire, a peine de la hart (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 196). Sus poyne de la vie Ung chacun de vous soyt abille A prandre ces mauvès garsons (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 57). Sur les champs ne nous espargnons Sur la peine qu'il apartient. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 154). Fleurentin amy, abregez De nous dire comment se porte La journee qu'on nous raporte. Verité sur peine de mort ! (Myst. st Laur. S.W., 1499, 165).

B. -

"Travail pénible, effort"

 

-

Mettre peine de + inf. "S'efforcer de, tâcher de" : Clement, nostre chier filz en Dieu, Vous tendrez aprés moy mon lieu. Des maintenant vous y ordene, Et pour Dieu, chier filz, metez paine De faire a Dieu plaisant servise. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 134). Sus ! galans, tous quatre a l'assault ! Mettons peine de l'eschever. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 264).

 

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Mettre peine en qqc. : Sire, faites ung grant savoir ! A Anne maintenant irés, A Kaÿffas, et leur dirés Qu'an ceste chose mettent poingne. (Myst. Pass. N.S., fragm. Troyes R., c.1350-1370, 271).

 

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Perdre sa peine. "Faire un effort inutile, se donner du mal pour rien" : LE BOURREAU. Ainsi nous ne gaignerons riens Et avons perdu nostre peine. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 66). Reprenez les dieux de la loy Et nous en alons, car bien voi Que nous perdons cy nostre peinne (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 104). Payen de fol contennement, Decius, faulx chien mescreu, Me cuides avoir mis tout nu, Et je suis trop certainement Mieulx vestu que n'estoye devant : A moy tu as perdu ta peine. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 259). Or ca iay donc perdu ma peine Deuers le sainct pere men voys A grandz despendz et a harnoys Mieux aymasse men deporter. (Myst. st Martin K., a.1500, 286).

 

-

Plaindre sa peine. V. plaindre

 

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À grand peine. "Avec grand'peine" : Je garde a grant peine ma bouche, Car son parler trop fort me point. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 592).

 

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À toute peine. "Avec grand'peine" : Maistre et seigneur, a toute peine L'asnesse et l'asnon vous amenne. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 39).

 

Rem. G. Roussineau, Z. rom. Philol. 111/2, 1995, 302 serait "tenté d'expliquer a toute peine au sens de «au plus vite»".

 

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À peine que. "C'est à peine si" : Mon seigneur a paynne que je ouse Dire vous ce que j'ay vehu Car je suis si treffort esmeu Qu'a peu que dire le porray (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 56).
 

Mystères Jean-Loup Ringenbach


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